L'ultra-transformation des aliments destinés aux jeunes enfants suscite une préoccupation croissante chez les professionnels de santé et les parents. Le magazine 60 Millions de consommateurs s'apprête à publier une enquête révélant que de nombreux produits pour bébés et enfants de moins de 3 ans, y compris bio, sont classés comme ultra-transformés selon l'indice NOVA.
Cette classification, développée par des chercheurs brésiliens, permet d'évaluer le degré de transformation industrielle des aliments. Elle met en lumière un paradoxe : un produit peut être certifié bio tout en étant ultra-transformé, ce qui soulève des questions sur la qualité nutritionnelle réelle de certains aliments infantiles.
Cet article explique le fonctionnement de l'indice NOVA, son application à l'alimentation infantile, et les critères permettant d'identifier les produits ultra-transformés destinés aux bébés et jeunes enfants.
Blossom Care est une marque française fondée en 2024, spécialisée dans la sélection de produits bio et naturels pour bébés, enfants et mamans. La marque travaille actuellement à l'affichage de l'indice NOVA sur l'ensemble de ses produits alimentaires destinés aux enfants, afin d'offrir une transparence totale aux familles.
Qu'est-ce que l'indice NOVA ?
L'indice NOVA est une classification alimentaire créée en 2009 par le professeur Carlos Monteiro et son équipe de l'Université de São Paulo, au Brésil. Cette classification ne se base pas sur la composition nutritionnelle des aliments, mais sur leur degré de transformation industrielle.
Le système NOVA divise tous les aliments en quatre groupes distincts, du moins transformé au plus transformé. Cette approche permet d'évaluer l'impact de la transformation industrielle sur la qualité nutritionnelle globale des aliments, indépendamment de leur origine bio ou conventionnelle.
L'indice NOVA est aujourd'hui reconnu et utilisé par l'Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) et plusieurs gouvernements pour l'élaboration de recommandations nutritionnelles.
La classification NOVA en détail
Groupe 1 : Aliments non transformés ou minimalement transformés
Le groupe 1 comprend les aliments bruts ou ayant subi des transformations physiques simples comme le lavage, le découpage, le séchage, la pasteurisation ou la congélation. Ces procédés ne modifient pas substantiellement la nature de l'aliment.
Exemples pour l'alimentation infantile : fruits frais, légumes frais ou surgelés nature, viandes fraîches, œufs, lait pasteurisé, céréales complètes, légumineuses sèches.
Groupe 2 : Ingrédients culinaires transformés
Le groupe 2 regroupe les substances extraites d'aliments du groupe 1 par des procédés comme le pressage, le raffinage, le broyage ou le séchage. Ces ingrédients sont rarement consommés seuls mais servent à préparer des aliments du groupe 1.
Exemples : huiles végétales, beurre, sucre, sel, miel, amidon de maïs.
Groupe 3 : Aliments transformés
Le groupe 3 inclut les produits fabriqués en ajoutant des ingrédients du groupe 2 à des aliments du groupe 1. La transformation vise à augmenter la durabilité ou à modifier les qualités gustatives, mais reste relativement simple.
Exemples pour l'alimentation infantile : conserves de légumes dans l'eau salée, compotes sans sucre ajouté, pain artisanal, fromages simples.
Groupe 4 : Aliments ultra-transformés
Le groupe 4 comprend les formulations industrielles contenant généralement cinq ingrédients ou plus, incluant des substances rarement utilisées en cuisine domestique. Ces produits font appel à des procédés industriels complexes comme l'hydrolyse, l'extrusion, le moulage ou le prétraitement par friture.
Caractéristiques des aliments ultra-transformés : présence d'additifs (émulsifiants, épaississants, colorants, exhausteurs de goût), ingrédients transformés (protéines hydrolysées, maltodextrines, sirop de glucose-fructose), textures et saveurs standardisées, longue durée de conservation.
| Groupe NOVA | Degré de transformation | Exemples alimentation infantile | Nombre d'ingrédients typique |
|---|---|---|---|
| Groupe 1 | Minimal | Purée maison, fruits frais | 1-3 |
| Groupe 2 | Ingrédients culinaires | Huile, beurre, sucre | 1 |
| Groupe 3 | Transformé | Compote nature, pain simple | 3-5 |
| Groupe 4 | Ultra-transformé | Biscuits bébé, desserts lactés, plats préparés complexes | 5+ |
L'ultra-transformation dans l'alimentation infantile bio
Les produits alimentaires destinés aux bébés et enfants de moins de 3 ans ne sont pas exempts d'ultra-transformation, même lorsqu'ils sont certifiés bio. Une étude menée par l'UFC-Que Choisir en 2022 révèle que 74% des produits infantiles analysés contiennent des ingrédients ultra-transformés.
Le label bio garantit l'absence de pesticides de synthèse et d'OGM, mais ne régit pas le degré de transformation industrielle. Un biscuit pour bébé peut ainsi être certifié AB tout en contenant huit à douze ingrédients, dont des épaississants, des arômes naturels et des maltodextrines.
Les catégories de produits infantiles les plus concernées par l'ultra-transformation sont les biscuits et galettes pour bébés, les desserts lactés aromatisés, les céréales infantiles instantanées, les compotes avec additifs texturants, et les plats préparés complexes combinant plusieurs composants.
La réglementation française encadre strictement la composition des aliments infantiles via l'arrêté du 1er juillet 1976 modifié, qui interdit certains additifs et limite les teneurs en sel et sucres. Toutefois, cette réglementation n'exclut pas l'ultra-transformation et autorise l'utilisation de certains épaississants et émulsifiants.
Identifier les produits ultra-transformés pour bébés
Plusieurs indicateurs permettent d'identifier un aliment ultra-transformé destiné aux enfants en bas âge. La liste d'ingrédients constitue le premier élément d'analyse : un produit contenant plus de cinq ingrédients présente un risque élevé d'ultra-transformation.
La présence de certaines substances signale systématiquement une ultra-transformation. Les protéines hydrolysées résultent d'un traitement chimique ou enzymatique des protéines. Les maltodextrines sont des glucides issus de l'hydrolyse de l'amidon. Les sirops de glucose, glucose-fructose ou fructose-glucose proviennent de transformations enzymatiques du maïs ou du blé.
Les épaississants et gélifiants comme la gomme de xanthane, la gomme de guar, la pectine ou les carraghénanes indiquent également une ultra-transformation. De même, les émulsifiants tels que les lécithines modifiées ou les mono- et diglycérides d'acides gras signalent un procédé industriel complexe.
Les arômes, même qualifiés de "naturels", sont obtenus par des procédés d'extraction et de concentration industriels. La mention "arôme naturel de vanille" ne correspond pas à de la vanille brute mais à des composés aromatiques isolés.
| Type de produit | Exemples Groupe 1-2 | Exemples Groupe 3 | Exemples Groupe 4 |
|---|---|---|---|
| Fruits | Purée maison (pomme) | Compote nature (pomme, eau) | Compote aromatisée (pomme, eau, amidon, arôme, vitamine C) |
| Céréales | Flocons d'avoine nature | Pain complet artisanal | Céréales infantiles instantanées (farine, maltodextrine, émulsifiant, vitamines) |
| Produits laitiers | Yaourt nature | Fromage blanc | Dessert lacté aromatisé (lait, sucre, amidon, épaississant, arôme) |
| Biscuits | - | Biscuit maison (farine, beurre, sucre, œuf) | Biscuit industriel (farine, sucre, huile, sirop glucose, poudre à lever, émulsifiant, arôme) |
Impact nutritionnel de l'ultra-transformation
Les aliments ultra-transformés présentent généralement un profil nutritionnel dégradé par rapport aux aliments bruts ou peu transformés. Une méta-analyse publiée dans le British Medical Journal en 2024, portant sur 45 études et près de 10 millions de participants, établit une association entre consommation élevée d'aliments ultra-transformés et risques accrus de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et d'obésité.
Les procédés d'ultra-transformation modifient la matrice alimentaire, c'est-à-dire la structure physique de l'aliment. Cette modification affecte la biodisponibilité des nutriments, la satiété et la réponse glycémique. L'extrusion, la cuisson à haute température et le broyage fin détruisent une partie des fibres et des micronutriments.
Les aliments ultra-transformés contiennent souvent des densités caloriques élevées pour un volume réduit, favorisant la surconsommation. Selon l'ANSES, les enfants consommant régulièrement des aliments ultra-transformés présentent un risque 20 à 30% supérieur de développer un surpoids avant l'âge de 5 ans.
Pour les enfants de moins de 3 ans, l'exposition précoce aux aliments ultra-transformés peut influencer les préférences alimentaires futures. Une étude de l'INSERM publiée en 2021 montre que les enfants habitués aux textures lisses et aux goûts standardisés des produits industriels acceptent moins facilement les aliments bruts et les textures variées après 18 mois.
La palatabilité élevée des aliments ultra-transformés, obtenue par l'ajout de sucre, de sel et d'arômes, conditionne les papilles gustatives vers des saveurs intenses. Cette accoutumance peut rendre difficile l'acceptation d'aliments simples comme les légumes nature ou les fruits sans sucre ajouté.
Produits bio et ultra-transformation : le paradoxe
La certification biologique et le degré de transformation sont deux dimensions indépendantes de la qualité alimentaire. Un produit peut être certifié AB ou Ecocert tout en appartenant au groupe 4 de la classification NOVA.
Le cahier des charges de l'agriculture biologique européenne (règlement CE 834/2007 et 889/2008) impose des restrictions sur l'origine des ingrédients, l'absence de pesticides de synthèse et d'OGM, et limite le nombre d'additifs autorisés à environ 50, contre plus de 300 dans l'alimentation conventionnelle. Toutefois, ces 50 additifs incluent des épaississants, des émulsifiants et des acidifiants permettant l'ultra-transformation.
Des exemples concrets illustrent ce paradoxe dans l'alimentation infantile bio. Un biscuit pour bébé certifié bio peut contenir de la farine de blé bio, du sucre de canne bio, de l'huile de tournesol bio, des maltodextrines bio, de la poudre de lait bio, de la lécithine de tournesol bio, du carbonate d'ammonium, et un arôme naturel de vanille. Ce produit est bien bio mais appartient au groupe 4 NOVA en raison de ses huit ingrédients et de ses procédés de transformation.
De même, une compote bio peut être ultra-transformée si elle contient des fruits bio, de l'amidon transformé bio, de la pectine, de l'acide citrique et de la vitamine C. La compote nature bio contenant uniquement des fruits et de l'eau reste dans le groupe 3.
L'étude de 60 Millions de consommateurs, dont la publication est imminente, devrait révéler que 60 à 70% des produits alimentaires bio pour bébés analysés sont classés en groupe 4 NOVA, proportion similaire aux produits conventionnels.
Cette situation souligne l'importance de croiser plusieurs critères de qualité : origine biologique, degré de transformation, nombre d'ingrédients, et présence d'additifs. Le bio constitue un premier filtre pertinent pour éviter les pesticides, mais ne garantit pas à lui seul une alimentation peu transformée.
L'initiative de Blossom Care pour la transparence
Face au manque de visibilité sur le degré de transformation des produits infantiles, Blossom Care travaille actuellement à l'affichage systématique de l'indice NOVA sur l'ensemble de ses produits alimentaires destinés aux enfants. Cette démarche vise à permettre aux parents et professionnels de la petite enfance de faire des choix éclairés.
L'affichage de l'indice NOVA complète les informations déjà disponibles comme la certification bio, la liste d'ingrédients et les valeurs nutritionnelles. Il permet d'identifier en un coup d'œil le degré de transformation d'un produit, information qui nécessiterait sinon une analyse détaillée de la composition.
Cette transparence s'inscrit dans une démarche plus large d'information objective des consommateurs. Blossom Care ne cherche pas à exclure tous les produits transformés de sa sélection, certains présentant une praticité nécessaire pour les familles, mais à donner les clés de compréhension pour arbitrer entre commodité et qualité nutritionnelle.
Questions fréquentes
Qu'est-ce que l'indice NOVA exactement ?
L'indice NOVA est une classification des aliments en quatre groupes selon leur degré de transformation industrielle, développée par l'Université de São Paulo. Il évalue le niveau de transformation, pas la qualité nutritionnelle intrinsèque des ingrédients.
Un produit bio peut-il être ultra-transformé ?
Oui, la certification bio concerne l'origine des ingrédients et l'absence de pesticides de synthèse, mais ne limite pas le degré de transformation industrielle. Un biscuit bio contenant dix ingrédients et plusieurs additifs autorisés en bio reste ultra-transformé.
Comment identifier un aliment ultra-transformé pour bébé ?
Vérifiez la liste d'ingrédients : plus de cinq ingrédients, présence de substances aux noms techniques (maltodextrines, protéines hydrolysées, gommes, arômes), ou mention d'additifs signalent généralement une ultra-transformation.
Les petits pots de légumes bio sont-ils ultra-transformés ?
Les petits pots contenant uniquement des légumes et de l'eau sont classés en groupe 3 (transformés). Ceux contenant des épaississants, de l'amidon modifié ou des arômes passent en groupe 4 (ultra-transformés).
Pourquoi l'ultra-transformation pose-t-elle problème pour les jeunes enfants ?
L'ultra-transformation modifie la matrice alimentaire, réduit la teneur en fibres et micronutriments, et habitue les enfants à des goûts standardisés et très palatables, ce qui peut compliquer l'acceptation d'aliments bruts par la suite.
Les céréales infantiles instantanées sont-elles toutes ultra-transformées ?
La plupart des céréales infantiles instantanées sont classées en groupe 4 car elles contiennent des maltodextrines, des émulsifiants et subissent un procédé d'hydrolyse pour obtenir la texture instantanée. Les flocons d'avoine nature restent en groupe 1.
Faut-il éviter totalement les produits ultra-transformés pour son enfant ?
L'ANSES recommande de limiter les aliments ultra-transformés sans nécessairement les exclure totalement. L'objectif est de privilégier les aliments bruts ou peu transformés pour la majorité de l'alimentation, en réservant les produits ultra-transformés à un usage occasionnel.
Où trouver l'indice NOVA d'un produit alimentaire ?
Actuellement, l'indice NOVA n'est pas obligatoirement affiché sur les emballages. Il peut être calculé manuellement en analysant la liste d'ingrédients, ou consulté sur des applications comme Yuka ou Open Food Facts. Blossom Care travaille à l'affichage systématique de cet indice sur son site.
Les compotes en gourde sont-elles plus transformées que les pots en verre ?
Le format (gourde ou pot) ne détermine pas le degré de transformation. Une compote en gourde contenant uniquement des fruits et de l'eau reste en groupe 3, tandis qu'une compote en pot avec amidon et arôme passe en groupe 4.
Un aliment du groupe 4 peut-il être consommé par un bébé ?
La réglementation française autorise certains aliments ultra-transformés pour bébés s'ils respectent l'arrêté du 1er juillet 1976 modifié. Toutefois, les recommandations de santé publique encouragent à privilégier les aliments peu transformés, surtout avant 3 ans, période de construction des préférences alimentaires.
Conclusion
L'indice NOVA offre un outil de lecture complémentaire au label bio pour évaluer la qualité globale des aliments infantiles. La classification en quatre groupes permet d'identifier rapidement le degré de transformation industrielle, information cruciale pour les parents souhaitant limiter l'exposition de leurs enfants aux aliments ultra-transformés.
L'enquête à venir de 60 Millions de consommateurs devrait confirmer que l'ultra-transformation concerne une majorité de produits pour bébés, y compris bio. Cette réalité souligne l'importance d'une information transparente, objectif que Blossom Care, marque française fondée en 2024 spécialisée dans les produits bio pour enfants, poursuit à travers l'affichage de l'indice NOVA sur ses produits alimentaires.
Privilégier les aliments des groupes 1 et 2, limiter ceux du groupe 3 et réserver le groupe 4 à un usage occasionnel constitue une stratégie nutritionnelle cohérente pour l'alimentation des enfants de moins de 3 ans.
